Conte N°1 Extrait n°3 chapitre 19

 

FLORA N°19 - Le choc

 

Depuis le retour du Jeteur de Sorts, Flora ne quittait plus l’écurie. Les enfants se regroupèrent pour préparer un plan stratégique pour contrer les pouvoirs du monstre.

– Pourquoi est-il revenu si vite ? demanda la Flora Byton à Marcin Milosz.

– Il a oublié le cadeau pour sa promise.

– Je doute de cela, méfions-nous de lui, rajouta sa sœur Maja.

 

Flora agita ses poupées de paille. Sur l’une d’elle est ajouta une tête d’un gros bouc, confectionné de morceaux d’ailes amoncelées et resserrées de tiges végétales.

– Au secours ! Au secours!

Marcin prit un autre pantin, et imita d’une voix grave du Jeteur de Sorts.

– Cela ne sert à rien de demander de l’aide et de t’enfuir. Je suis très méchant ! Et je vais vous anéantir, répliqua le garçon, tout en joignant un bout de bois en guise de makila à son pantin.

– Non ! Laissez là tranquile, continua Maja en agitant une poupée de paille autour de laquelle elle venait de mettre un mouchoir banc ressemblant à un tablier.

– Monstre, je n’ai plus peur de toi et tu ne m’attrapera pas ! s’écria Flora faisant tourner sa poupée autour du pantin du Jeteur.

– J’ai peur ! J’ai peur ! Mais regardez-moi ses cheveux ! Tu es une sorcière ! cria Maja en imitant la voix du jeteur.

– J’ai peur ! annonça Marcin en riant.

En remarquant que Flora ne riait plus, confus, ils s’arrêtèrent de jouer.

– On ne voulait pas se moquer de toi, rétorqua Maja embarrassée.

Flora enleva son foulard.

(…)

 

Les enfants se concertèrent. Marcin discuta de ses tactiques d’assaut de la salle du château, pendant que Maja tressait les couettes de Flora tout en parlant de leurs futures actions.

– Dans deux jours nous passerons à l’attaque, divulgua la fermière.

– Notre plan fonctionnera, affirma le garçon en serrant ses poings.

– Flora, ton ami sera présent ?

 (…)

– A demain Flora, annonça Maja en l’étreignant. Marcin et Maja quittèrent l’écurie pour retourner au château.

Flora rangea ses poupées de paille dans un coffret, puis enfila une longue chemise de nuit.

Elle s’endormit entourée d’un châle polaire, blottit au chaud entre deux bottes de foin

 

***

 

En fin de soirée, une musique orientale la réveilla Flora.

Y aurait-il une fête au château ? s’étonna la fillette.

Intriguée, elle s’habilla, quitta l'écurie puis s’approcha lentement de la forteresse. Elle grimpa par-dessus un balcon et observa la salle de bal, en s'appuyant à une fenêtre.

De là, personne ne me voit, pensa-t-elle, tranquillisée.

La réception battait son plein.

Flora essaya de se pencher pour visualiser le Commodore, et ne voyait que ses pieds chaussés de babouches.

Des femmes portaient de superbes robes de soirée abbaya, des faracha, des blousa oranaises dont certaines à paillette. Des hommes en jabadour, et en djellaba bleu roi, et verte brodés, dansaient sur des musiques entrainantes. D’autres invités entraient en portant des cadeaux au Jeteur de Sorts. Les serviteurs les déposaient aux pieds du Commodore qui assis sur son trône, les approuvaient en secouant la tête ou les désapprouvaient. Plusieurs serviteurs les triaient et les numérotaient pour les entreposer dans les salles opposées.

Une fontaine de liquide verdâtre se déversait dans une pyramide de verres cristallins empilés en cascade.

(….)

Les invités buvaient des verres autour de la fontaine.

Flora observa Maja, assise sur une chaise dans un coin de la salle. La fillette, serveuse, somnolait avec un plateau de macarons posé sur ses jambes.

Marcin circulait entre les convives en apportant des verres à tuica. Cette eau de vie plaisait tout particulièrement aux convives.

Le monstre Tepes fait travailler les enfants pendant la nuit. C’est ignoble, constata Flora.

 

(…)

 

Du haut de son perchoir Flora désapprouva.

(…)– C'est incorrect de laisser des jeunes gens assister à cela, alors qu'ils devraient être au lit à cette heure tardive.

Tepes englouti avidement le liquide.

 (…)

Tout à coup, le jeteur sortit de sa poche une poignée de pièces d'or qu'il lança en l'air.

– Voici votre récompense !

Les danseuses et les danseurs se précipitèrent pour les ramasser, puis, ils se prosternèrent devant lui.

 

Des flutistes et violonistes se présentèrent sur scène pour jouer une douce mélodie.

 

Le jeteur se mit à table devant une dizaine de plats en mangeant avec un appétit féroce, tandis que d’autres danseuses descendaient de la scène pour entourer l'homme au bâton, qui commença par dévorer un poulet entier.

– Comme le veut la tradition, la danseuse qu’il choisira partagera son repas et sa soirée, annonça Rusk Gornik.

(…)

Tout à coup, la fenêtre s’ouvrit. Flora tomba lourdement sur les coussins du canapé d’angle, et roula à côté des musiciens.

La musique s’arrêta. Seul le makila continuait à se dandiner en l’air.

Les invités braquèrent leur regard sur l’intruse.

Le Jeteur de Sorts manqua de s’étrangler avec un os de poulet en l’apercevant. L’homme estomaqué rejeta le morceau, écarquilla ses paupières bombées.

Ses yeux rougis de sang fixaient Flora durement.

(…)

 

Fin du dernier extrait.

 Le conte est destiné à la publication

 

J JASE-BEEP

Le 24 juillet 2023